Lors de notre séjour dans le Lot, nous avons pu découvrir les richesses de la Corrèze toute proche. Moins touristique de ses voisins, la Corrèze mérite pourtant vraiment que l’on s’y attarde. Après le village de Collonges-La-Rouge, je vous propose de découvrir un lieu insolite de la Corrèze. Les Pans de Travassac.
Cette article participe au RDV #EnFranceAussi. Le thème « Pépites de nos campagnes » est proposé par Solange du blog Sénior en Vadrouille.

Situé sur la commune de Donzenac, à 20 min au nord de Brive-la-Gaillarde, le site des Pans de Travassac propose une plongée impressionnante au cœur de la tradition ardoisière qui perdure dans cette région depuis le 17ème siècle. Si aujourd’hui il est possible de visiter et de découvrir ce métier extraordinaire, c’est grâce à la passion d’un homme Jean-François Bugeat, 4ème génération d’ardoisiers à Donzenac qui depuis 1997 ouvre le site au public de mars à novembre.
L’histoire du site des Pans de Travassac
Tout commence à la fin du 16ème siècle. Les paysans sont alors à la recherche de pierre à bâtir et tombe un peu par hasard sur une colline rocheuse constituée de sept filons ardoisiers tous parallèles, orientés nord/sud et long de 2km. Ces filons étaient séparés par six hautes parois de quartzite, une pierre également appelée « marme » ou pierre « stérile ». Les premiers ardoisiers commencèrent à exploiter les filons depuis la surface, creusant de sillons de plus en plus profonds pour extraire l’ardoise. Lorsqu’ils rencontraient une paroi de quartzite, inutilisable parce que trop dure, ils exploitaient le filon d’à côté qu’ils rejoignaient parfois en pratiquant une perce transversale au sein même de la paroi.
Jamais ils ne démolirent les six parois qu’ils appelaient « pans » nous laissant ainsi en héritage cet étrange paysage avec des géants de pierres. Certains atteignent 60 mètres de haut, 300 mètres de long et 2 mètres d’épaisseur. Cette particularité géologique et le mode d’exploitation qui en découle ont produit un paysage véritablement unique en Europe.
Au début du 20ème siècle, l’arrivée de l’électricité changea les conditions d’exploitation des ardoisières : les hommes purent creuser des puits pour aller chercher la pierre au plus profond du sol. Grâce aux premières pompes électriques, ils purent évacuer plus facilement l’eau et les grues permirent de rendre la remontée des blocs de pierres moins pénible pour les ouvriers. Il est a noter que malgré des conditions de travail périlleuses, il n’y a jamais eu d’accidents graves sur les sites des Pans de Travassac.
Le déclin puis la renaissance
A la fin du 19ème début du 20ème siècle près de 250 ouvriers travaillent sur le site ardoisier. Avec la seconde guerre mondiale, arrivèrent des matériaux étrangers moins coûteux, entraînant la fermeture progressive de toutes les carrières de France. La seule à résister tant bien que mal est celle de Travassac. Malgré tout, en 1989, Jean Bugeat (père de Jean-François) exploite seul la carrière de Travassac.
Cette même année, c’est donc son fils qui reprend l’exploration en ouvrant un nouveau filon. Celui-ci est toujours en exploitation aujourd’hui mais interdit au public pour des raisons évidente de sécurité. Peu à peu la demande en ardoise va croître en raison de sa rareté permettant de rouvrir en 2002 la carrière d’Allassac fermée en 1976.
Une belle reconnaissance
Aujourd’hui, l’ardoise de Corrèze bénéficie d’une réputation de qualité sans égale due à sa structure géologique. Reconnue dans le monde entier, elle est résistante à la flexion, est parfaitement imperméable et résistante au choc comme la grêle. Garantissant des toits trois à quatre fois centenaire, elle est parfaitement adaptée au bâtiments modernes comme aux plus anciens. Ainsi cette ardoise trône fièrement sur des édifices célèbres comme l’Abbaye du Mont St Michel (ardoise de Travassac) ou sur l’église du sacré cœur de Rodez (ardoise d’Allassac). Nous la retrouvons aussi sur les toits des villages du Limousin et d’Auvergne.
Le métier d’ardoisier
La visite du site des Pans de Travassac permet également de découvrir ce métier méconnu d’ardoisiers. Il faut savoir qu’avant de recouvrir les toits de France, notre ami l’ardoise va suivre un long processus de fabrication que des hommes passionnés prennent le temps en fin de parcours de nous transmettre avec une démonstration de taille.
Au commencement, dans la carrière sont extrait à l’aide d’explosifs, de gros blocs de schiste. Ensuite le « fendeur » partage avec l’aide d’un marteau ces derniers en morceaux plus petits nommés « répartons ». Cette action s’appelle le rebillage. Puis entre en scène le « cliveur » qui transforme les répartons en feuille d’ardoise. Enfin le tailleur grâce à son outil nommé le « taillant » forme l’ardoise. En rond, en carré ou en ogivale, il la perce pour pouvoir la fixer sur les toits.
Il n’existe pas d’école pour apprendre le métier d’ardoisiers qui peine d’ailleurs à recruter. Chaque ouvrier consomme une tonne de pierre par jour pour obtenir 200 kg de pierre utilisable à la fabrication de l’ardoise. Cette opération de fabrication s’effectue de la même manière qu’au siècle dernier et exigent beaucoup de savoir-faire. Entièrement manuelle et utilisant des principes ancestraux, la fabrication de l’ardoise de Travassac a ainsi un côté unique qui traverse le temps.












Le mot de la fin
C’est ainsi que notre séjour dans le Lot et en Corrèze touche à sa fin. Une belle semaine riche en découvertes variées et passionnantes. Un petit coin de France s’est dévoilé à nous. Le patrimoine de ces deux départements est incroyable et il nous faudra certainement d’autres voyages pour en découvrir plus notamment en Corrèze où je suis restée un peu sur ma faim.

35 Commentaires
Chacha Aventurière
5 janvier 2020 at 10 h 54 minMagnifique partage comme d’habitude !
eimelle
5 janvier 2020 at 11 h 24 minpassionnant! quel beau séjour !
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 32 minMerci effectivement c’était vraiment chouette. Dommage que nous n’ayons pas eu le temps d’en découvrir plus
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 30 minMerci ma Chacha !!
Estelle
5 janvier 2020 at 11 h 59 minJ’ai appris plein de choses sur l’ardoise. Et tes photos sont très jolies, ca fait presque un canyon.
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 35 minC’est vrai c’est assez vallonné dans cette autour du site j’ai beaucoup de regrets de ne pas avoir pu en explorer plus.
Delphine
5 janvier 2020 at 17 h 03 minUn endroit superbe dont la visite est vraiment instructive. Au moment de préparer une semaine de congés en Corrèze, j’avais été impressionnée par les photos que je voyais de l’endroit. Je suis littéralement tombée sous le charme en voyant pour de vrai. Un super choix de « pépite de nos campagnes ». Si tu as besoin de suggestions pour un futur séjour en Corrèze, tu pourras en trouver sur mon blog.
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 36 minJ’avais vu un repartage au JT sur cet endroit et ça m’avait intrigué alors là c’était l’occasion d’y aller et je ne le regrette pas. C’est à ne pas manqué et très instructif.
mitchka
6 janvier 2020 at 14 h 32 minça fait trop longtemps que j’ai envie d’y aller … ce coin est sublime … et ce site semble tellement fou !
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 37 minDommage que nous n’ayons pas pu explorer plus la Corrèze. J’espère que nous aurons l’occasion d’y retourner.
Martine Barbier
6 janvier 2020 at 16 h 54 minEtonnante et insolite cette carrière, où travaillaient de nombreux ardoisiers, un métier qui devait être dangereux ! On ne voit plus les toits d’ardoise de la même manière quand on constate le travail réalisé par cette exploitation. Que de courage…..
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 38 minÇa c’est sur c’est un sacré métier qui malheureusement se perd. Ils peinent a recruter.
Mathilde
6 janvier 2020 at 18 h 36 minMerci pour cette découverte, je ne me rendais pas du tout compte du travail qu’il y avait derrière la fabrication des ardoises. C’est impressionnant ! Je ne verrais plus ce matériau de la même façon
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 39 minEt bien moi non plus je ne me l’imaginais pas et franchement nous avons appris un tas de chose. Un très belle découverte à faire en Corrèze.
tania
6 janvier 2020 at 21 h 40 minah le Lot
je ne suis pas allée jusque là en 2018 lors de mon escapade dans le Lot
mais je note pour une prochaine fois
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 40 minC’est en Corrèze mais effectivement se n’est pas très loin du Lot.
Virginie c.
6 janvier 2020 at 22 h 25 minIntéressant toutes ces infos sur le travail de l’ardoise. C’est vrai qu’il y a des métiers qui se perdent et pourtant c’est tellement beau
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 40 minMalheureusement oui c’est bien dommage.
Sophie
7 janvier 2020 at 21 h 26 minEn fait, je viens de m’apercevoir en lisant ton article que je ne m’étais jamais posé de question du style : mais d’où vient l’ardoise? Ma blonde attitude encore 🙂
Merci pour cet article très intéressant.
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 41 minJe suis brune et ne t’inquiète pas moi non plus je ne m’étais jamais trop posées de question sur ce sujet.
Anne LANDOIS-FAVRET
9 janvier 2020 at 11 h 05 minJe ne connaissais pas du tout ce site, j’ai fait quelques lieux en Corrèze, mais je n’y étais pas restée très longtemps. C’est en tout cas magnifique, ce paysage créé par l’homme est très atypique et caractéristique ! Merci pour la découverte ! 🙂
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 42 minUn endroit incroyable c’est vrai.
Sabrina
10 janvier 2020 at 7 h 55 minVoilà j’ai appris et découvert de belles choses de bon matin. Très belle région en effet que j’ai eu l’occasion de visiter il y a très longtemps. Comme d’hab, très belles photos.
Cecile
10 janvier 2020 at 22 h 43 minMerci Sabrina
Paule-Elise
11 janvier 2020 at 9 h 56 minC’est une belle découverte ! J’aime bien le mélange site naturel / travail de la main de l’homme et j’imagine que la visite avec quelqu’un qui connaît bien l’histoire des lieux doit être passionnante !
Cecile
11 janvier 2020 at 19 h 36 minOui c’était commenté donc super intéressant
Pauline
13 janvier 2020 at 8 h 27 minTrès intéressant ton article ! Et ce site est vraiment super impressionnant ! Merci pour cette belle découverte Cécile 🙂
Cecile
13 janvier 2020 at 10 h 39 minMerci Pauline
Lorena
14 janvier 2020 at 15 h 51 minHello,
Eh bien, c’est vraiment très impressionnant comme endroit, mais c’est très beau en même temps. Je crois que c’est une région que je prendrai plaisir à visiter. Merci pour cet article.
Cecile
14 janvier 2020 at 15 h 52 minJ’ai hâte aussi de pouvoir y retourner pour en découvrir plus
Lorena
17 janvier 2020 at 5 h 51 minJe vous comprends, ça semble à la fois très beau et mystérieux
Sylvie
30 janvier 2020 at 13 h 24 minUn reportage passionnant et instructif ! J’ai l’impression que ce nom des pans de Travassac ne m’est pas inconnu et pourtant je n’y suis jamais allée. Mais peut-être l’avais-je vu en faisant des recherches lorsque nous étions allés dans le lot… En tout cas désormais grâce à toi je sais maintenant de quoi il s’agit et je pense que c’est une visite que je mettrais au programme si on va un jour dans la région ! Merci beaucoup Cécile pour cette très belle découverte !
Cecile
1 février 2020 at 9 h 06 minJe pense que c’est un lieu que te plairait beaucoup, j’espère que tu auras l’occasion d’y aller.
Loic - Casa del Travel
6 octobre 2020 at 15 h 30 minJ’habite à 5min de ce site unique en Europe et je suis content de voir un article à son sujet. La Corrèze est souvent oublié au profit de la Dordogne ou du Lot juste à côté… Mais nous avons tant de belles choses à faire découvrir… Je peux te conseiller Ségur le Chateau, Pompadou, Beaulieu sur Dordogne etc… pour ta prochaine visite 🙂
Cecile
8 octobre 2020 at 14 h 16 minNous avons adoré les Pans de Travassac et tu as bien raison la Corrèze mérite a elle seule d’être découverte. Ma malheureusement nous n’étions là que pour une semaine et nous n’avons pas eu le temps d’en découvrir plus. Mais la corrèze nous a vraiment plus et il est sur que nous ne manquerons pas d’y retourner, d’y sejourner et de la visiter.