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Dordogne / Nouvelle Aquitaine

Remonter le temps grâce aux châteaux du Perigord

Si la Dordogne est nommée le département aux mille châteaux, ce n’est surement pas pour rien. On peut même le considérer comme celui qui en possède le plus en France. Grands amateurs de vieilles pierres, nous avons donc posé nos valises dans ce magnifique département afin de découvrir quelques-uns des plus beaux châteaux du Périgord.


Article mis à jour le 26 mars 2021

Un peu d’histoire

Le département de la Dordogne est le troisième département de France. On le nomme bien souvent par son ancien nom le Périgord. Celui-ci date de l’époque romaine. Il désignait un comté attaché au duché de Guyenne avec un territoire légèrement plus vaste que la Dordogne actuelle. Lors de la création des départements après la Révolution française, le département de la Dordogne est nommé ainsi grâce au nom de son principal cours d’eau qui le traverse.

L’ancien nom aurait pu disparaître, mais il est porteur de valeurs et d’authenticité auxquelles les habitants sont très attachés. Le Périgord évoque plutôt le terroir et la gastronomie alors que la Dordogne est plutôt associée à la nature, la campagne, la verdure et les activités de plein air. Quoi qu’il en soit, ce département regorge d’une histoire et d’un patrimoine incroyables.

La Dordogne est découpée en quatre territoires. Le Périgord Noir, région la plus touristique, le Périgord vert situé au nord, le Périgord Blanc qui compte Périgueux en son centre et le Périgord Pourpre, zone de Bergerac et de ses vignobles.


Voyage au pays des châteaux

La plupart des châteaux du Périgord sont répartis le long des fleuves de la Dordogne, de la Vézère et de l’Isle. Leurs constructions s’étalent du XIème siècle jusqu’à la Révolution française. Ils ont bien souvent été remaniés au fil des époques. C’est pour cela que plusieurs styles architecturaux se superposent et s’entrecroisent sur ces édifices.

Durant une semaine, il nous aura fallu faire des choix tant il y a sites à découvrir. Comme nous logions dans le Périgord Noir, nous nous sommes concentrés sur ce périmètre déjà bien vaste. Finalement, nous avons visité quatre châteaux, ainsi que le manoir de Gisson à Sarlat-la-Canéda.


Le château de Castelnaud-la-Chapelle

C’est à la rencontre de la glorieuse Dordogne et du modeste Créou, que Castelnaud-la-Chapelle, classé parmi les plus beaux villages de France, s’est érigé. À son sommet, un château fort majestueux s’y dresse et se remarque de très loin.

L’histoire du château

Castelnaud, signifie « château neuf ». Pourtant les fondations de ce dernier datent du XIIe siècle. Possession du seigneur cathare Bernard de Casnac, il est pris par Simon de Montfort en 1214 lors de la croisade contre les Albigeois. Durant la guerre de Cent Ans, le château passe aux mains des Anglais. En 1442, les Français l’emportent définitivement et le château est restitué aux Caumont.

Au XVe siècle, un nouveau corps de logis voit le jour pour améliorer le confort de la forteresse. Cela n’empêchera pas la famille de Caumont de la délaisser au profit de leur nouvelle demeure, le château des Milandes.  Jusqu’à la Révolution, il n’est que rarement occupé et va même être complètement abandonné après celle-ci. Au XIXe siècle, il est même utilisé comme carrière de pierres. Classé Monument Historique en 1966, il fait l’objet depuis d’importants travaux de restauration. Enfin depuis 1985, il accueille le musée de la guerre au Moyen-Âge.

La visite du château

La visite du château démarre d’ailleurs par ce dernier. La collection d’armes et d’armures y est impressionnante. Dans la cour intérieure (uniquement durant les vacances scolaires) nous assistons à une démonstration de l’art de la ferronnerie. Enfin, dans l’une des tours un atelier costumes d’autrefois est proposé aux enfants. Les voici revêtus de robes d’époque et d’armure de guerrier pour leur plus grand bonheur.


Le château des Milandes

Construit par le seigneur de Caumont en 1489 pour son épouse, le château des Milandes possède tout le charme d’une demeure seigneuriale qui laisse entrer la lumière. Tout le contraire de l’austère forteresse de Castelnaud que le couple finit par totalement délaisser. Ses larges fenêtres ornées de vitraux ainsi que ses vastes pièces ouvertes vers la vallée font de la bâtisse un lieu prisé de la famille Caumont. Habité tout au long du XVIe siècle, il est ensuite occupé par intermittence, mais reste dans la même famille jusqu’à la Révolution. Après celle-ci, le château est abandonné et vendu au XIXe siècle.

Il faudra attendre 1900, pour qu’un riche industriel Charles Auguste Claverie originaire de la région rachète la demeure tombée en ruine et y entreprenne d’importants travaux de restauration qui s’étaleront jusqu’en 1914. Il ajoute au château une aile supplémentaire ainsi qu’une tour. Le tout orné de balcons romantiques et de nombreuses sculptures. Enfin en 1908 il fait appel à Jules Vacherot, un architecte paysager afin de doter le domaine d’un magnifique jardin dit « à la française » entouré d’un parc à l’anglaise.

Le fascinant château de Joséphine Baker

Mais celle qui rendit célèbre le château des Milandes, c’est Joséphine Baker. Tombée amoureuse de la France, elle fait l’acquisition en 1947 de cette demeure pour y créer son village du monde.  Elle y accueillera ses douze enfants adoptés au cours de ses tournées dans différents pays. Ainsi la tribu « Arc-En-Ciel » de Joséphine s’épanouit joyeusement au cœur des Milandes. Malheureusement, Joséphine criblée de dettes se voit saisie de son château vendu aux enchères en 1968.

Labellisé en 2012 « Maison des illustres » le château des Milandes se veut avant tout un lieu qui rend hommage à l’une des femmes les plus exceptionnelles du XXe siècle.

Avant de venir visiter le château des Milandes, nous ne connaissions pas particulièrement la vie de Joséphine Baker. Ce fut donc l’occasion à travers les 14 pièces meublées qui se visitent de découvrir la vie émouvante et incroyable de cette femme. On y admire ses somptueux costumes de scène, des affiches et des photos de personnalités célèbres venus lui rendre visite en France. Un très beau témoignage fait à cette femme incroyable.

Ne partez pas du château sans avoir déambulé dans les jardins. Et enfin, ne manquez pas le spectacle de fauconnerie donné sur la terrasse du château. Vous pourrez y découvrir la beauté, la noblesse et les prouesses des hiboux, des buses ou encore de l’aigle pêcheur américain. De quoi clôturer la visite de ce château décidément pas comme les autres.


Le château de Beynac

Dressé au sommet d’une falaise vertigineuse, dominant le village de Beynac-et-Cazenac, ce château est une sentinelle de pierres qui veille depuis plus de 9 siècles sur la Dordogne. En le visitant, vous plongez dans l’Histoire de France, au fil des traces laissées par Richard Cœur de Lion, Aliénor d’Aquitaine, Simon de Montfort et la guerre de Cent Ans.

L’histoire de la citadelle

Une fois gravies les pentes abruptes des ruelles du village, nous arrivons au pied de la colossale bâtisse.

Le donjon est la partie la plus haute et la plus ancienne du château. Édifié au 12e siècle, il avait comme unique mission de surveiller les terres et les vallées environnantes. Il s’agit donc là d’un ouvrage militaire massif aux murs épais et aux ouvertures étroites. Lieu de repli en cas de conflit, il ne présentait pas d’entrée à sa base. Pour l’atteindre, il fallait gravir une échelle escamotable située au premier étage. En temps de paix, on vivait dans un domicilium en bois, remplacé à la fin du 12e siècle par un bâti de pierre qui abrite, encore aujourd’hui, la Salle des Gardes et la Salle des États du Périgord. Dans cette dernière se tenaient des réunions organisées par les quatre Barons du Périgord (Bourdeille, Biron, Beynac et Mareuille) au 15e siècle.

Au 13e siècle, la forteresse se dote d’une cuisine avec une cheminée impressionnante et d’un four à pain. Ainsi, les Seigneurs de Beynac font une fois encore acte de puissance et preuve de richesse. Rares étaient les châteaux qui en étaient pourvus en dehors des grandes abbayes.

Au cours du 17e siècle, la renaissance apporte au château un vent nouveau de confort et d’apparat. En témoigne un escalier remarquable conçu pour desservir les appartements méridionaux décorés à cette même époque. On décore également les murs et les plafonds de la salle des armures qui s’enrichit en plus d’une cheminée. Elle devient alors un petit salon très cosy cosy pour l’époque !!

A ne surtout pas manquer…

Le clou de la visite reste la terrasse. Située en haut de la tour, elle offre une vue impressionnante sur la vallée de la Dordogne. Ce point de vue unique fut à l’origine du premier donjon, c’est lui qui fit la puissance et la force de Beynac, c’est en lui que se fonde tout l’esprit de la plus authentique forteresse du Périgord. Car ici plus qu’ailleurs, le château et la vallée ne font qu’un.


Le château de Commarque

Vous succomberez immédiatement au charme du château de Commarque. Dès la lisière du bois franchi, il apparait de manière presque irréelle au beau milieu d’une clairière. Tel un fantôme du passé, il a su se faire oublier peu à peu. Envahi par la végétation puis de nouveau mis à jour, il renait désormais grâce à des passionnés qui ne ménagent pas leurs efforts pour le restaurer.

Il faut dire que l’histoire de ce château fort est assez particulière et n’a pas encore révélé tous ses secrets.

Récit d’une fascinante histoire

Construit aux XIIe et XIVe siècle, l’ensemble médiéval est probablement l’un des plus complexes du Périgord. Au fil du temps, il est devenu une co-seigneurie. C’est-à-dire, que les familles seigneuriales habitaient les différentes tours de ce village fortifié. C’est aussi le plus curieux ensemble castral avec ses défenses complexes, ses douves successives, ses remparts concentriques et son vertigineux donjon, haut de 80 mètres. Le tout niché dans un écrin naturel préservé et protégé en vallée Vézère.

On attribue à un abbé de Commarque l’édification d’un premier donjon en bois. Puis suivront sur le site une longue lignée de chevaliers et de seigneurs de Commarque qui au fil du temps et de l’histoire de France agrandiront et modifieront l’ensemble.

Dans les années 1500, le castrum de Commarque commence à être déserté par les familles résidentes. Le site s’endort alors pendant quatre siècles. Il ne sera (re)découvert et sauvé que bien des siècles plus tard par un descendant direct du même nom. Aujourd’hui, la famille de Commarque est l’une des dernières à subsister parmi toutes celles qui peuplaient jadis la vallée et à demeurer sur la terre de ses ancêtres. Depuis maintenant plus de cinquante ans Hubert et Christine de Commarque ainsi que désormais leurs enfants Jean et Aude se consacrent au sauvetage de ce site et à la transmission aux visiteurs des connaissances révélées au fil des fouilles et des travaux menés par des équipes passionnées. Archéologues, historiens, archivistes, préhistoriens, charpentiers, tailleurs de pierre, maçons et architectes des Monuments Historiques font de Commarque l’un des sites médiévaux de Dordogne les mieux documentés.


Un chateau mais pas que…

Car l’histoire de ce site remarquable ne s’arrête pas au château. Dans cette clairière aux merveilles, il existe une grotte préhistorique ainsi qu’un fort troglodyte attestant d’une vie humaine dès le 9e siècle.

Bref, vous l’aurez compris, le château de Commarque n’est pas un lieu comme les autres. Il fascine et émerveille petits et grands. Nous avons été enchantés par lui, il est probablement l’un de nos lieux préférés en Dordogne.


La Maison Forte de Reignac

Adossée à la falaise qui surplombe la rivière Vézère, la Maison forte de Reignac surprend le visiteur à coup sûr. À la fois mystérieuse et étrange, certains la disent même hantée. Il s’agit du seul « château-falaise » troglodytique de France parvenue totalement intacte jusqu’à nous. Pourtant il en a vu passer depuis la préhistoire. Car oui comme bon nombre de sites en Dordogne, la falaise où est accroché aujourd’hui cet étrange château fut occupée dès la préhistoire par nos ancêtres les hommes des cavernes. Ces derniers y avaient trouvé un refuge parfait.

Au fil du temps, des habitats troglodytiques s’y développent. Puis au 14e siècle, la façade de la Maison Forte de Reignac voir le jour. En 1508, des ouvertures pour les fenêtres y sont percées.

Visiter la Maison Forte de Reignac c’est donc remonter le temps. De la grotte préhistorique à la demeure richement meublée du seigneur, c’est un émerveillement de chaque instant. Le clou du spectacle se situe tout en haut de la falaise ou des grottes situées à plus de 40 mètres de hauteur constituaient un refuge en cas d’attaque ennemi. Il se dit d’ailleurs que celles-ci n’ont jamais été prises. La vue en tout cas sur la vallée de la Vézère y est magnifique.


Le mot de la fin…

Ainsi s’achève cette première découverte des châteaux du Périgord. Il en existe bien d’autres à visiter et nous ne manquerons pas d’en mettre au programme de notre prochain séjour dans cette Dordogne aujourd’hui si cher à notre cœur.

A propos de l'auteur

Partir découvrir de nouveaux horizons. Proches ou lointains, peu importe, tant que cela se fait en famille afin de garder de beaux souvenirs que nous partageons avec vous à travers ce blog.

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